Lorsque j’ai décidé de me réorienter, pendant l’été 2021, ce n’était pas la première fois. Seulement, si j’étais précédemment passée d’une formation à l’autre, cette fois-ci j’allais directement dans le grand bain : le marché du travail, qui plus est dans le domaine de l’art, un océan de possibilités rempli d’incertitudes et de défis !
(J’espère que vous avez une bonne résistance aux métaphores aquatiques parce que j’en ai un paquet en réserve haha)
L'appréhension de rentrer dans l'eau... Fun fact: j'ai toujours été térrifiée de plonger la tête la première !
Faire un bilan pour surmonter la peur de l’eau
“Travailler dans l’art” c’est vaste. Très vaste. Il ne faut pas être thalassophobe lorsqu’on recherche les différentes activités considérées comme artistiques, et c’est sans compter les activités accessoires qui découlent de celle-ci (comme la transmission des savoirs et les rencontres publiques).
Étant donc un métier varié et très personnalisable, je ne peux que conseiller de faire un bilan, rapide, et à intervalle régulier pour établir :
- Ce qui nous plaît…
- Ce qu’on peut faire…
- Ce qu’on veut faire…
Pourquoi ? Parce que plutôt que de s’éparpiller dès le départ à vouloir tester plein de moyens de monétiser sa pratique artistique, il vaut mieux se centrer sur ses intérêts actuels et les méthodes qui nous plaisent le plus (pour garder en tête la motivation et l’excitation de passer un bon moment), puis faire un bilan honnête de nos capacités (pour réduire le risque de se frustrer) avant de mettre au clair un objectif atteignable (pour toujours avoir la sensation d’avancer).
Trimestre 1 :
- PLAIT : Consolider mon style artistique
- PEUX : Faire des commissions à des particuliers et mon site internet
- VEUX : Me sentir légitime et construire mon réseau professionnel
Trimestre 2 :
- Travailler avec des contraintes extérieures
- Terminer l’Oracle et prospecter des professionnels par e-mail
- Décrocher un contrat de littérature jeunesse avec une maison d’édition
Trimestre 3 (en cours au moment de la rédaction) :
- Collaborer avec des professionnels passionnés
- Illustrer mon premier album & faire des collaborations professionnelles
- Prospecter les créateurs de jeux de société
S’entrainer au sol pour prévenir des blessures
Une fois le bilan dressé, l’envie peut se faire sentir de se jeter l’eau. Attention alors à ne pas y aller trop brusquement !
Parce qu’avec la hâte de pouvoir avancer, viens la baisse de précaution. Évidemment, tous les artistes commencent un peu bancalement mais pleins de bonne volonté, et les premiers contrats peuvent laisser des traces : au mieux des mauvais souvenirs, des courbatures, des remords et au pire des blessures.
Si on ne peut pas éviter ces mésaventures, on peut au moins s’en prévenir en renforçant ces muscles dont on connaît peu l’utilité avant d’en avoir besoin :
- Les démarches administratives
- Les devis, les factures et la comptabilité
- Les contrats et cessions de droits
- L’étiquette de la communication
- La pédagogie autour de termes spécialisés
Améliorer sa technique grace à des entrainements spécifiques
Apprendre une nage à partir de zéro peut paraitre une tâche dantesque. Alors pourquoi ne pas découper le mouvement global en petits exercices spécifiques ? D’abord la respiration, puis les bras, enfin les jambes, avec et sans accessoire pour faire marcher la mémoire musculaire !
Et bien c’est pareil en art, le meilleur moyen d’atteindre un objectif (la ligne “Veux” du bilan) c’est de le découper en tâche atteignables (la ligne “Peux”), des tâches qui font alors moins peur et qui engage moins de son temps qu’un projet complet.
Prenons par exemple mon gros objectif du semestre : Illustrer mon premier ouvrage jeunesse.
Quelques pistes pour rendre cette opportunité atteignable :
- Faire un tableau de maisons d’édition qui me plaisent en notant bien pourquoi
- M’abonner à des illustrateurices qui font ce que j’aime
- Contacter des professionnel.les avec qui le courant passe bien
- Comparer les ouvrages que j’apprécie
- Dresser un glossaire des termes techniques
- Compiler les techniques utilisées
- Compiler les compositions des illustrations
- Créer des personnages
- Faire des storyboards
- Illustrer quelques pages d’un ouvrage connu
- Illustrer quelques pages d’un texte original
- Prospecter quelques maisons d’édition
Pour n’en citer qu’onze ! Et je suis sûre que vous en avez plein d’autres en tête ;)
Apprécier chaque sortie (même celles où on atteint pas son objectif)
Une fois les points techniques appris, les muscles échauffés, le plan prévu, il ne reste qu’une chose à faire, se jeter ! Plus on attend, moins on ose, parce qu’on aura toujours quelque chose à se reprocher, ou qu’on voudra toujours le “meilleur matériel”, la “meilleure idée”, la “meilleur technique”, le “meilleur moment”. Moi-même, je n’arrête pas de m’auto-saboter, une petite voix me répète malgré ces 6 derniers mois, que je ne suis pas légitime, pas assez professionnelle et pas assez confiante ! Et pourtant, il n’y a pas de secret : pour gagner en confiance, il faut gagner en experience !
Quelques conseils pour fluidifier vos projets professionnels :
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Soignez l’échauffement : ne prenez pas la phase de négociation à la légère, elle conditionnera le reste de la course mais aussi, et surtout, les conséquences de celle-ci.
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Allez-y avec un objectif central en tête : Vitesse d’éxécution ? Endurance sur un long projet ? Apprentissage d’une nouvelle technique/un nouveau support ? Perfectionnement des techniques ? Bien-être pour le plaisir ? Communication et socialisation ? Faire un challenge et se surpasser ?
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Ecouter votre rythme : gardez un oeil sur l’horloge pour ne pas vous laissez dépasser par les évènements, économisez votre énergie, prévoyez des moments de pause et écoutez les signaux qui vous poussent à vous arrêter.
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Soignez aussi la récupération : pour ne pas rendre trop brutale la fin de vos projets, redescendez la pression et prenez de la distance sur votre avancement. Même les “mauvaises séances” (celle qui n’atteignent pas l’objectif, qui s’arrêtent précocement ou dans la douleur) ont des choses à vous apprendre et des choses à célébrer ! Prenez le temps de réfléchir à votre organisation, vos méthodes, vos démarches, vos communications, vos attentes. Réalisez qu’une mauvaise experience ne définit pas toute votre carrière, au contraire, elle vous permet de grandir et de faire mieux la fois d’après !
Conclusion
Sur ce, j’espère que cette lecture vous a plu, bien que parsemée d’allégories aquatiques. J’espère aussi qu’elle vous a motivé, ou au moins éclairé sur ce que ça représente de passer d’une amatrice à une artiste freelance.
En tout cas, c’est fou comme c’est galvanisant de prendre le temps de rédiger un bilan, surtout lorsqu’on travaille seul.e. On a vite tendance à devenir son propre “pire collègue” en se comparant sans cesse aux autres indépendants sur les réseaux sociaux. Pourtant, j’ai tellement grandi et j’en suis fière !
Alors aujourd’hui, je célèbre ma course ! Mes ratés comme mes victoires des 6 derniers mois. Maintenant que j’ai plongé, j’ai hâte de voir où cette impulsion va m’emmener ! 🌊
Des liens pour poursuivre la lecture…
Êtes-vous motivé.e mais bloqué.e créativement ? Jetez un oeil à ce précédent article : Le Désordre contre l’Art Block où je partage ma méthode pour retrouver l’inspiration !
Des liens pour explorer…
La chaîne Youtube de Julia_arts qui parle honnètement de la vie de freelance (FR)
La chaîne Youtube Art Business with Ness, qui conseille les jeunes illustrateurs (EN)
Arena Swim, si je vous ai donné envie de nager et d’en savoir plus sur ça aussi ;)