Atelier traviole logo
31 janv. 2022

J'ai essayé... Le Portrait à l'Aveugle

Une commande personnalisée sur Twitch

On est le 9 janvier 2022, il est 21h, j’ai mon casque sur les oreilles, le stream de Samedi va commencer, ma tablette est allumée, je stresse, mon coeur se sert. Une voix retentit : “Salut.” C’est le point de départ. J’ai été commanditée pour écouter cet interview, à l’aveugle, afin d’illustrer le détenteur de cette voix inconnue.

  • Challenge
  • Émotion
  • Original
  • Éxperience
  • Commentaire

Revenons tout d’abord à l’origine de cette expérience ✨unique✨.

Fanart basé sur l'identité graphique de Samedi réalisée par Erica Urzua (\@erica.urzua)

Sam, sa_me_di sur Twitch et samedi_flow sur Instagram, est une fantastique personne qui distribue de la joie de vivre et de l’énergie à travers ses discussions en live sur sa plateforme de prédilection : Twitch. Son contenu varie entre discussion avec les spectateurs, soirée jeu de société, réaction et interview de personnalités variées… Le tout enrobé d’un sentiment de sécurité, de libre parole et de communauté, “Ici c’est un safe space” aime bien rappeler Sam qui s’attère à apprendre le nom et les pronoms de ses viewers.

On m’a alors proposée d’illustrer le troisième interview de la série. Et j’ai dit oui. Sans hésiter. Oui-oui-oui. Je n’avais aucune idée de ce dans quoi j’allais me lancer, mais j’avais terriblement envie d’essayer.

Dans cet article, je vous propose donc de voir l’autre coté de l’interview, le backstage, ce qu’il a bien pu se passer dans la tête de l’artiste mystère du 9 janvier.


Chapitre 1 : Les Premiers Instants

Une chose à savoir sur moi : je suis de nature stréssée, je l’ai toujours été. Mais j’ai appris à aimer ce stress qui devient de l’excitation, de la surprise, de la hâte. Hâte de vivre un truc chouette, hâte de sortir de ma zone de confort, hâte de me surpasser.

Ce dimanche soir-là, le stresse est bel et bien présent, le même qu’avant un examen où je sais que le sujet me passionne. Samedi me prépare. J’aurais uniquement le droit d’écouter, je ne regarderais pas le stream, je ne pourrais pas intéragir, je n’ai qu’une chose à faire : dessiner.

Chapitre 2 : Briser la glace

J’entends Sam papoter avec ses spectateurs, j’imagine l’écran d’attente sur le flux vidéo, je prépare mon fichier Photoshop et mon copain m’encourage comme si j’étais un boxeur prêt à rentrer sur le ring.. Et là. Le coup tombe. J’entends SA voix, une voix inconnue, une voix grave qui n’est définitivement pas Samedi. C’est le coup de départ.

Je souffle. “Ca va aller”, me dis-je.

La discussion commence et je me rends compte d’à quel point je vais devoir me baser sur du subjectif, sur des “tu m’inspires ça” plutôt que des “je ressemble à ceci”. Je n’avais encore jamais adopté cette approche organique, et c’est exactement la raison pour laquelle j’ai dit oui.

Maxime, c’est son nom, parle de la montagne, il parle du sport, il parle de la confiance en soi, la discussion est si intéressante mais je suis si frustrée de ne pas pouvoir poser des questions moi aussi. A ce moment là j’ai l’impression de faire connaissance avec quelqu’un, alors qu’il n’a aucune idée de qui je suis et n’a aucun moyen de le savoir. Je me mets à croquer, je me laisser bercer par le moment. C’est exhaltant et stressant à la fois, et je suis un peu perdue.

Chapitre 3 : La Zone de confort

Je suis définitivement hors de ma zone de confort. Je tatonne au début, je pars sur une posture dynamique, un saut, un envol pour signifier la liberté mais aussi la prise de conscience. L’idée est là mais l’éxécution peine, je ne suis pas du tout satisfaite de mes premières bases. Mais je persévère. Pendant que je me bats avec mes idées qui vont dans tout les sens, ça se voit sur ma toile que je ne sais pas où aller.

Et alors que je vois l’heure tourner, je panique. La moitié du stream s’est écoulé.

Il faut changer mon approche, maintenant. Alors je m’éloigne une minute, j’explique à voix haute ce que j’imagine, et tout est bien plus clair. Je me mets à réfléchir comme les peintres qui font des gros coups de pinceaux pour se forcer à prendre de la distance et se pousser à faire des choix drastiques. Je change mon cadrage et vire les éléments qui m’inspiraient moins. Et c’était reparti. Je me suis rendu compte que je cherchais trop à dessiner ce que je pensais de lui mais qu’au passage j’en perdais ce qui font que mes pièces sont de moi, mon fun, mes couleurs, mes compositions. La situation était déjà en dehors de ma zone de confort, alors partir sur une pièce vraiment différente de ce que je fais habituellement, c’était trop s’éloigner de la berge, et l’admettre m’a permis de me recentrer et de retrouver la légerté du moment.

Chapitre 4 : Jouer et assumer mes choix

J’ai repris confiance, je souris, je souffle de nouveau après avoir été sous l’eau pendant une bonne demi-heure. J’ai ma composition. Mon fond. Ma silhouette. Et quelques couleurs ont déjà trouvé leurs places. Je me laisse porter par mes idées et mes envies spontanées en me disant que la chance me menera bien vers là où je veux aller, maintenant que j’ai une base solide.

La fin de l’interview approche, et je le sens bien. Samedi m’a déjà prévenue, je peux déborder et finir hors stream tant que j’ai une base à montrer à Maxime à la fin de leur discussion. Alors que le fil de parole s’étiole… Sam m’introduit, elle montre mon tableau en cours de création, c’est un peu frustrant parce que c’est un travail en cours mais l’accueil donné à mon illustration est si positif que ça efface tout mauvais préssentiment.

Je finis ma pièce le lendemain matin, sans la pression d’être en live, et j’adore le résultat final. On y voit la réflexion du début de stream et l’impulsivité de la fin. Il est fidèle à mes couleurs et à mes techniques, mais il est en même temps très singulier. Unique. Comme cette expérience.


Le résultat final annoté, portrait à l’aveugle en live de Maxime Vallier, le 9 janvier 2022 commandité par Samedi

Laissez moi vous expliquer tout ça :

A. J’ai représenté un homme, de taille moyenne, musclé, doté d’une longue chevelure blonde en suivant la description physique que Maxime a fait de lui-même.

B. Au fil du dessin j’ai choisi de réduire l’attirail de ski aux lunettes et au pantalon, et j’ai tenté de signifier le froid piquant et revivifiant de la montagne grâce aux tons bleu glacé.

C. Pendant la discussion, on a abordé à plusieurs reprise la sensation de liberté, d’envol, surtout après une adolescence où il peinait avec sa confiance en lui.

D. Cette nouvelle confiance en soi, il a expliqué l’avoir construite notamment grâce à sa passion pour le sport et son appréciation de sa beauté actuelle (c’était d’ailleurs très chouette à écouter cette thématique).

E. Mais aussi grace à sa récente découverte de son amour pour la créativité et le dessin.

F. Je décide de représenter cette dichotomie sport/dessin grâce à un coeur anatomique qui rayonne sur tout son être. Parce qu’en s’attardant sur ses deux passions, en prenant le temps et l’énergie de les approfondir, il a appris à s’aimer, à s’accepter et construire son identité en étant bienveillant avec les autres, mais aussi avec lui-même.


Capture d’écran de l’Instagram de Maxime Vallier, \@maxime_vallier le 25/01/2022

La conclusion : quel est mon ressenti final ?

Je me suis engagée là dedans sans savoir à quoi m’attendre, propulsée par ce sentiment d’imprévisibilité, et effectivement ça a été de vraies montagnes russes émotionnelles. J’ai été tendue. Stressée. Rassurée. Passionnée. Perdue. Insatisfaite. Motivée. Extatique. Flattée mais surtout fière. Fière d’avoir un rendu final qui me plait, qui plait à la commanditaire et qui plait au modèle.

Lorsque Samedi m’a dévoilé qui était ma muse, j’en ai bondit. J’étais si heureuse de voir que ce que j’ai peint faisait du sens. Ce qui m’a le plus frappée c’est qu’on a abordé rapidement l’art pendant l’interview, mais sans préciser si ce qu’il dessinait ni comment, alors, lorsque j’ai vu qu’il a majoritairement dessiné au feutre noir sur page blanche, qu’il se concentre sur les lignes et les contours, je n’en croyais pas mes yeux, parce que c’était exactement ainsi que je le représentait dans ma tête.


Des liens pour poursuivre la lecture…

Le Désordre contre l’Art Block, mon précédent article sur ma façon de sortir de ma zone de confort pour relancer la machine créative. Un exercice plus long qu’un portrait à l’aveugle commissionné, mais bien moins dur créativement.

Des liens pour explorer…

Le post Instagram avec la vidéo du processus de cette illustration à l’aveugle (FR)

Le Replay de l’interview de Maxime sur la chaîne Twitch de Samedi (FR)

La liste des réseaux de Maxime Vallier, pour retrouver ce qu’il fait sur Internet (FR & EN)